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Arlette et André-Yves Portnoff
Marina Zanazzo, la femme qui osait ouvrir les yeux sur Venise
15 Luglio 2017
Maestri
Un contributo da Parigi al ricordo di Marina, «donna di grande cultura, coraggiosa resistente che sfidava consistenti poteri politici ed economici», inviato a
Un contributo da Parigi al ricordo di Marina, «donna di grande cultura, coraggiosa resistente che sfidava consistenti poteri politici ed economici», inviato a

eddyburg da una coppia di amici che, avendo conosciuto lei e i suoi "libretti", avrebbero voluto che il suo esempio si propagasse nel mondo


Marina Zanazzo, la femme qui osait ouvrir les yeux surVenise

Venise vient de perdre l’un de ses plus courageux lanceurs d’alerte: Marina Zanazzo s’est éteinte, à 61 ans, le soir du 12 juillet, après 18 mois de lutte acharnée contre un cancer du pancréas.


Marina avait créé une maison d’édition en 2005et lancé en 2011 une collection de livrets dénonçant, chacun, l’un des scandalesqui menacent Venise, sa Lagune et l’équilibre vital entre la cité et son cadreécologique. Ces livrets très denses, à la fois analytiques et synthétiques,réunis sous le titre Occhi aperti suVenezia, Yeux ouverts sur Venise, ont révélé des scandales, souvent quelquesmois avant qu’ils n’éclatent au grand jour .

Les auteurs étaient des universitaires, des journalistes, des spécialistesdont Marina rendait le propos accessible à tous. Cette femme de grande culture, cette courageuseRésistante défiait des pouvoirs politiques et économiques considérables. Ceux, notamment,de dizaines de notables complices dans l’affaire du Mose, (Modulo sperimentale elettronicomecanico), le barrage flottantinefficace, nocif mais utile pour détourner un milliard et demi d’euros !Et ceux de sociétés puissantes comme Benetton qui a dégradé l’antique Fontego dei Tedeschi, le transformant encentre commercial de luxe.

Marina a aussi affronté les politiques qui, àla commune même de Venise, se sont acharnés à amplifier encore un tourisme demasse qui étouffe la ville et chasse ses habitants des rues et de leurs maisons.Ces politiques et leurs complices maintiennent le passage des grands paquebots,les grandi navi, dans la Lagune, cequi creuse celle-ci, la transforme progressivement en bras de mer et sape lesfondations de Venise. Ces grandi navine rapportent rien à la ville de Venise et à ses habitants, n’enrichissent que l’organisationportuaire et des intérêts particuliers. Tous ces faits et autres méfaits sontdétaillés dans Occhi aperti su Venezia.

En exergue de ses courriels, Marina Zanazzoplaçait une phrase de Proust expliquant que les terres des barbares n’étaientpas celles qui n’avaient jamais connu l’art, mais celles, riches en chefsd’œuvres, qui ne savaient ni les apprécier, ni les préserver…

Epaulée par l’urbaniste Edoardo Salzano et l’archivisteLidia Fersuoch, sa directrice scientifique, Marina Zanazzo a, sur son chemin,rencontré tant d’entraves qu’elle a dû arrêter ses publications. Elle éditaencore hors collection, début 2016, un dernier livre au titre significatifaffirmant que « Venise est une ville » (Venezia è una città, Franco Mancuso). Elle préparait un ultimelivre dans ses Occhi aperti su Venezia,pour défendre une île de la Lagune menacée par des intérêts privés.

A la clôture de son activité éditoriale, Marinaavait décidé d’effectuer son Grand tour avec pour première étape Paris qu’elleallait contempler à nos côtés, perchée dans les nuages, au 28èmeétage d’une tour près de Montparnasse. Elle avait déjà dans sa poche le billetd’avion, lorsqu’elle découvrit sa maladie. Après avoir tant lutté contre le cancerde la corruption, elle était agressée en son corps par un autre cancer. Elleentama un nouveau combat et, malgré les souffrances, multiplia les projets, trouvala force de collaborer à un épais livre de Lidia Fersuoch, proposa de décorerd’un murales le parloir d’une prisonpour distraire les enfants visitant les prisonniers.

Sur sa page Facebook, elle publia une photod’elle, le crâne rasé, narguant son mal. Encore et toujours très belle.

Marina garda jusqu’au bout, tel un talisman,son billet d’avion pour Paris. I l y a un an, de sa voix chaude, chaleureuse, ellenous confiait un regret : les résistants qui combattent pour Veniserestent trop souvent en ordre dispersé, séparés par des querelles mineures. «Ilsdevraient s’unir sur l’essentiel: sauver Venise! » Parions que la disparition de Marina Zanazzo galvaniserases compagnons, leur donnera la force de faire revivre la collection des Yeux ouverts sur Venise et de continuer ainsià dénoncer les agressions menaçant la survie de ce qui reste de la Sérénissime.

Nous n’oublierons jamais cette grande et bellefemme qui, en janvier encore, arpentait Venise de son pas alerte, énergique.
Arletteet André-Yves Portnoff
Paris, le14 juillet 2017

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